À tous les amateurs d’art qui lisent mes lignes, à celles et ceux qui apprécient la beauté d’une toile dont le mélange des couleurs forme une œuvre qui touche, suggère ou dénonce, cet article va vous faire découvrir les origines et les œuvres les plus marquantes d’un des media picturaux les plus polyvalents, approprié par les plupart des grands courants artistiques depuis le XVe siècle : la peinture à l’huile. Car quiconque a déjà déambulé dans les allées d’un musée a déjà été entouré d’huiles, sur toile ou autres supports, et a sans aucun doute déjà été frappé par l’une de ces œuvres, qu’elle fut baroque, rococo, romantique, impressionniste ou surréaliste. C’est donc un panégyrique que j’adresse cette semaine à la peinture à l’huile, dont Yves-Marie Salanson vous apprend le travail dans le nouveau cours Artesane Débuter en peinture à l’huile, en se focalisant sur la composition et la réalisation d’une œuvre à l’huile avec une vision contemporaine et dynamique de ce medium.
Une technique révolutionnaire et convoitée
Si le travail de l’huile semble avoir existé dès le XIe siècle, comme en témoigne le moine Théophile, irrité par les inconvénients de cette technique qui nécessite un temps de séchage au soleil extrêmement long et qui limite la fusion des teintes, la véritable peinture à l’huile date de quelques siècles plus tard. Jan Van Eyck, ou Jean de Bruges, intéressé par la technique mais rebuté par ses contraintes, décide de chercher une manière de peindre avec une huile qui puisse sécher d’elle-même, et apporter sa contribution au rendu des couleurs. C’est ainsi qu’au début du XVe siècle, vers 1410, Jan développe le prototype de la peinture à l’huile telle qu’elle perdurera jusqu’à nos jours, un mélange capable de sécher rapidement, ne craignant pas l’eau, et permettant de fondre les couleurs tout en ajoutant à leur éclat.
Imaginez l’impact d’une telle rumeur sur le monde artistique de la Renaissance : un nouveau type de peinture serait né dans un atelier flamand, et permettrait non seulement de s’affranchir de toutes les contraintes techniques connues jusqu’alors dans le domaine, mais encore dans le même temps de donner un éclat sans précédent aux couleurs et d’atteindre des teintes aussi subtiles qu’inespérées. Inévitablement, les peintres d’Italie, berceau de la Renaissance et des courants artistiques qui en sont nés, cherchèrent à acquérir la connaissance de cette nouvelle technique. Un peintre italien se chargea alors de venir en Flandre et de rapporter à Venise la formule tant convoitée.
Ce savoir fut alors si désiré parmi les peintres vénitiens, que celui à qui fut remis la méthode par l’éclaireur revenant de Flandre, un certain Dominique, fut manipulé pour en obtenir le secret et poignardé pour être éliminé de la concurrence. La peinture à l’huile était une révolution si impressionnante et efficace qu’elle contribuait par son rendu au génie de ceux qui la manipulaient. Dans les cours italiennes de ce milieu du XVe siècle, ce n’était plus à qui peindrait avec le plus de talent, mais à qui peindrait à l’huile…
Une source de chefs-d’œuvre
Bien entendu, la méthode de fabrication de la peinture à l’huile a évolué au fil de la Renaissance et des siècles qui ont suivi, jusqu’à notre époque moderne. Et à travers ces siècles se sont succédé les courants artistiques et leurs peintres vedettes, qui ont maîtrisé et amené la peinture à l’huile à des niveaux toujours plus exceptionnels. Voici quelques-uns des chefs d’œuvres réalisés au fil de l’histoire de la peinture à l’huile.
Commençons par l’inventeur de la peinture à l’huile lui-même, Jan Van Eyck, et ses Époux Arnolfini, l’un des premiers tableaux réalisés avec cette technique miracle, en 1434. Cette œuvre conservée à Londres représente le point de départ de la peinture à l’huile, et montre les caractéristiques de ce nouveau procédé. Il suffit d’observer le vert éclatant de la robe de l’épouse ou le pourpre intense de la tenue de son mari pour comprendre la révolution que constituait cette nouvelle technique et les possibilités qu’elle a libérées.
Passons au début du XVIe siècle, en Italie, où un artiste inventeur de la haute Renaissance fait parler de lui : Léonard de Vinci. De Vinci a peint sa fameuse Joconde au début de ce siècle, et par la même occasion l’une des œuvres les plus connues et l’objet d’art le plus visité au monde. Cette belle qui fixe et suit les visiteurs du Louvre de son regard est l’un des joyaux de la peinture à l’huile, illustrant la subtilité des palettes de couleurs qu’il est possible d’élaborer grâce à elle.
Poursuivons notre descente de l’Europe, après Londres et Paris, jusqu’à Madrid, où sont conservées Les Ménines de Vélasquez, peintes en 1656-1657. Cette peinture baroque est, comme La Joconde, l’un des tableaux les plus célèbres de l’histoire de l’art, en particulier pour son jeu de miroir, puisque l’on peut y observer Vélasquez lui-même en train de peindre et de regarder le spectateur.
Au XIXe siècle, la peinture à l’huile a également produit son lot de chefs-d’œuvre, avec notamment le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault, représentant le naufrage de la frégate Méduse en 1816, œuvre romantique dont le sujet tragique et dramatique a permis à Géricault une expression remarquable de détails, notamment dans les visages de détresse des naufragés, dans les remous des vagues et dans les teintes du ciel. À la fin du siècle, en 1893, Edvard Munch peint Le Cri, œuvre expressionniste célèbre pour l’effroi qu’elle symbolise et transmet au spectateur. La peinture à l’huile sied donc à tous les courants artistiques, qui n’hésitent pas à s’en emparer et à la pousser toujours plus loin.
Je terminerai ce panorama avec une autre œuvre très célèbre pour son style et ce qu’elle symbolise, peinte en 1937 par le maître du cubisme Pablo Picasso. Représentant le bombardement de Guernica le 26 avril 1937 lors de la guerre d’Espagne, la toile de presque huit mètres de long qu’est Guernica plonge le spectateur dans l’effroi d’un instant, d’une manière et dans un style encore différent de ceux du Radeau de la Méduse ou du Cri, notamment par le jeu sur les teintes de gris, les expressions de terreur des personnages et des animaux, ainsi que les nombreux symboles forts qui parsèment l’œuvre.
Voilà un aperçu du champ d’infinies possibilités qu’a ouvert la peinture à l’huile dès le xve siècle. Il ne tient qu’à vous d’étoffer cette liste avec vos propres œuvres, en découvrant la peinture à l’huile avec la vision moderne du peintre de la Côte d’Émeraude Yves-Marie Salanson, qui vous attend dans le nouveau cours Artesane Débutez en peinture à l’huile.
À bientôt chez Artesane !
Bibliographie :
Siret, G. Peintures – Histoire de l’Art, 2015, Livres WZ
Stendhal, Histoire de la peinture en Italie (1817), édition de 1854, Michel Lévy, Paris
Blog Carré d’artistes, Les chefs-d’œuvre de la peinture à l’huile, 09/06/2021
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