Vers une couture responsable

par | 6 Août 2019 | Environnement, Mode et société | 1 commentaire

On attend souvent parler de fastfashion, mais avez-vous déjà entendu parler de fastcouture ? Face à l’émergence du cousu main, nous voulions vous proposer notre réflexion sur le sujet, sans visée moralisatrice, simplement parce que chez Artesane comme ailleurs, nous avons le sentiment qu’il faudra prendre des décisions et faire évoluer nos habitudes de consommation.

La jungle des labels

Face à nous, la jungle des labels, des certifications, des chartes d’engagement, des concepts…du bio au made in France en passant par l’éthique, le responsable, le durable, nous étions perdues. Que choisir, qui croire ?

On entend de plus en plus parler du concept de « greenwashing » : face à l’éveil des consciences et l’intérêt croissant des consommateurs pour connaître l’origine et l’empreinte environnementale de ce qu’ils
consomment, certaines marques choisissent d’afficher en étendard leur bonne conscience écolo à coup de labels en tout genre, de charte d’engagements multiples et variés, de certifications auto-délivrée… mais il ne suffit pas d’affirmer être « vert » pour laver plus blanc que blanc (rappelons d’ailleurs que les agents de blanchiment sont toxiques et polluants). Voici quelques-uns des labels auxquels vous êtes le plus fréquemment confronté.es et ce qu’ils signifient exactement.

Max Havelaar couture responsable

Il s’agit d’un label de consommation éthique puisqu’il garantit que le produit que vous achetez répond aux critères internationaux de commerce équitable tant en matière de conditions de production que de rémunération du producteur. Ce label, est donc appliqué à certains cotons qui doivent remplir les critères suivants : culture traditionnelle et pluviale (plutôt qu’intensive et irriguée) , exploitations familiales, récolte manuelle, sans utilisation de semences OGM. Un prix minimum d’achat au producteur est garanti et une prime de développement peut être versée. Le label Max Havelaar ne vous garantit pas pour autant un coton biologique mais outre l’exigence de conditions de travail correctes pour les ouvriers, quelques critères du label concernent l’environnement : les producteurs s’engagent notamment à limiter leurs recours aux pesticides, aux engrais de synthèse etc.

Vous trouverez peu de textiles au mètre labellisés Max Havelaar : le coton est utilisé directement par les marques de vêtements, notamment de vêtements bébé. C’est un label qui vous est donc plutôt utile dans le cadre d’une consommation de vêtements finis.

Label et certification Oëko Texcouture responsable

La notoriété de la certification Oëko Tex suffit souvent à nous convaincre que nous faisons un achat écologiquement responsable. La réalité est plus complexe. Un tissu biologique est la plupart du temps certifié Oëko Tex mais à l’inverse la certification Oëko Tex n’est pas garant du fait qu’un textile soit bio : un textile synthétique peut tout à fait être certifié Oëko Tex. Ce label, créé en 1992, garantit que les tissus certifiés respectent des seuils réglementaires de substances polluantes, cancérigènes et allergènes. La certification Oëko-tex standard 100 impose de ne pas utiliser les substances suivantes : métaux lourds, phtalates, benzènes, colorants allergènes ou cancérigènes
Par ailleurs, cette certification limite l’utilisation des pesticides. Enfin, cette certification impose :
– Une valeur PH des produits utilisés compatibles avec les peaux
sensibles
– Des processus d’économie de l’énergie dans la confection

Ce label ne garantit donc pas la confection biologique d’un textile ou d’un vêtement : un polyester peut être certifié alors même que par essence un polyester ne pourra jamais être biologique. Ce label est donc un label sérieux, fiable, dont les obligations sont réelles mais qui ne peut pas se substituer à une certification biologique.

Label EU Ecolabel Européen TextileEU ecolabel

Ce label peut être utilisé par les entreprises des pays membres de l’Union européenne pour les vêtements ou les textiles. Géré par la Commission européenne, il exige :
– Pour les vêtements et textiles en coton, un pourcentage minimum de
coton bio ; dans les cas des vêtements destinés aux enfants de moins
de 3 ans, ce pourcentage est de 95% de coton biologique minimum
– Pour les textiles ou les produits finis contenant du polyester, un
pourcentage minimum de fibres PET recyclées

La certification GOTSGOTS

Les labels GOTS existent depuis 2009 : ils constituent un système de certification textiles garantissant non seulement l’origine biologique des fibres mais aussi le respect de procédés de production environnementalement et socialement responsables à toutes les étapes de la transformation textiles.

La norme Globale Organic Textil Standard est reconnue comme la norme de référence pour la fabrication durable de vêtements et de textiles confectionnés à partir de fibres issues de l’agriculture biologique telles que le coton et la laine biologique à hauteur de 70% minimum. Le référentiels GOTS dispose aussi de normes strictes concernant l’ensemble de la chaîne de production textile : seuls les produits chimiques à faible impact pour ne pas nuire à la santé des consommateurs et des travailleurs ; le référentiel GOTS inclut également des restrictions sévères en matière de traitement des eaux usées, il exige la mise en place d’objectifs ciblés et de procédures pour réduire la consommation d’eau et d’énergie. Enfin, les critères sociaux fixés par les conventions fondamentales de l’OIT doivent être respectés. L’ensemble de ce référentiel et de ces critères sont régulièrement contrôlés par des certificateurs indépendants.

Aujourd’hui, seule la certification GOTS garantit non seulement la fibre mais l’ensemble de la chaîne de production. En effet vous pouvez acheter du textile labellisé bio ( par exemple du coton certifié OCS organic cotton standard) dont la fibre sera effectivement bio mais pas le processus de fabrication du textile et du vêtement utilisé par la suite. Si vous ne deviez retenir qu’un seul label ce serait donc le label GOTS !

Deux niveaux de certification GOTS existent :
– le niveau 1 « textiles bioniques » qui vous assure la présence de 95% de fibres biologiques certifiées a minima et moins de 5% de fibres artificielles ou synthétiques ;
– le niveau 2 : textiles composés de X% de fibres biologiques qui vous assure la présence de 70% de fibres biologiques certifiées a minima, 30% maximum de fibres non biologiques dont 10% au plus pour les fibres synthétiques (exceptions faites, des chaussettes, des caleçons longs, des vêtements de sports).

Quelles solutions adopter en tant que consommateur.trices textiles ?

couture responsable

Voici quelques idées qui pourront vous inspirer, pour vous lancer dans une démarche de couture responsable :

Penser sa garde-robe : avec la mission garde robe, le dernier défi couture que nous vous avons lancé, vous avez été nombreuses à prendre le temps de penser votre garde-robe. Prendre soin de penser une tenue, de choisir les couleurs de sa garder-robe de saison, de choisir les tissus adaptés… tels sont les différents réflexions à mener pour construire votre vestiaire. Certes, il s’agissait d’un défi, mais nous comptons sur vous pour poursuivre votre mission garde-robe au fil des saisons et ainsi s’engager vers une couture plus responsable ! En prenant le temps de réfléchir aux pièces que vous allez coudre, vous éviterez ainsi d’acheter des patrons et des tissus qui resterons prendre la poussière dans vos tiroirs… Le but est d’imaginer une garde-robe minimaliste pour avoir besoin du stricte nécessaire tout en se faisant plaisir en couture ! Si vous avez fini la vôtre, pourquoi ne pas faire celle de vos proches !

Privilégier les matières naturelles. si nous devions établir un classement bête et méchant des fibres :

  • lin, chanvre, ramie
  • tencel
  • soie et laine
  • viscose
  • coton,polyester, nylon acrylique

Pour en savoir plus sur la manière dont a été établi ce classement, retrouvez notre article sur « Les belles matières » dans notre webmagazine #2.

Réutiliser ses chutes de tissu : cotons lavables, trousses, chouchous pour les cheveux, habits de poupée, nœuds papillon… on peut réaliser mille et un accessoires avec ses chutes de tissu !

Utiliser des tissus qui ont déjà eu une première vie : user et abuser de la customisation, c’est le secret pour remettre au gout du jour les trésors qui dorment dans vos placards… Par exemple, utilisez une jolie nappe vintage pour réaliser un tote-bag tendance.

Repriser ses vêtements : ne vous laissez pas abattre par un petit accroc ! Avant de jeter un vêtement abîmé, essayez de le repriser. D’ailleurs, est-ce qu’un cours vidéo à sujet vous intéresserait ? 🙂

Nos bonnes adresses

tissu matelassé bio

Pour aller vers une couture responsable, voici nos bonnes adresses pour vous fournir en tissus bios ou tissus éthiques :

– Vous pouvez vous fournir directement chez l’éditrice textile Amandine Cha dont l’ensemble des textiles sont en fibres naturelles certifiées GOTS par le certificateur indépendant Eco-Cert ; les tissus d’Amandine sont par ailleurs tissés, teints et imprimés en France. Vous y trouverez essentiellement du coton.

– La mercerie en ligne Fil-Etik vous propose des cotons, des laines et des tencel (procédé Lyocell) tous certifiés GOTS : d’ailleurs, les tissus du cours de teinture végétale sont offerts par Fil-Etik ; nous avons été si convaincus par leur qualité que nous en avons déjà recommandé pour nos projets personnels (à nos frais évidemment)

– La mercerie en ligne Cousu Bio : nous l’avons découvert à l’occasion de cette enquête et n’avons pas encore eu l’occasion de tester les textiles proposés : l’offre est certifiée GOTS et ne concerne donc que des cotons ou des laines

– Vous trouvez par ailleurs des tissus bio et/ou Oëko Tex sur les merceries en ligne Cousette, Pretty Mercerie et Mondial Tissus.

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1 Commentaire

  1. Oui pour le cours vidéo raccommoder rapiécer ☺️

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