Bien avant d’être un événement saisonnier institutionnalisé, le terme « solde » qualifiait un coupon de tissu invendu ou une chute de tissu qu’un commerçant vendait à bas prix pour vider ses stocks. Ce n’est qu’au XIXe siècle que les soldes telles que nous les connaissons aujourd’hui sont apparues : laissez-moi vous raconter leur histoire.
Aux origines des premières soldes : le Petit Saint-Thomas
Nous sommes en 1830, dans l’un des premiers grands magasins parisiens, le Petit Saint-Thomas. Ce nom ne vous dit rien ? C’est normal… En 1865, il en a pris un autre qui vous parlera peut-être davantage : le Bon Marché.
Situé dans le 7e arrondissement de Paris, le Petit Saint-Thomas est dirigé par Simon Mannoury, un homme d’affaires particulièrement entreprenant. Spécialiste du commerce de vêtement, son esprit créatif est à la recherche constante de nouvelles idées.
Un jour, il décide de développer ses ventes en mettant en place de nouvelles stratégies :
- L’instauration d’un prix fixe, inscrit sur une étiquette, pour supprimer le marchandage ;
- La vente par correspondance ;
- L’ouverture de son magasin à la libre circulation… car à l’époque, il n’est pas question d’entrer dans un magasin pour flâner sans consommer !
Or, en accordant aux parisiens la possibilité de visiter le Petit Saint-Thomas pour regarder les vêtements et toucher les étoffes sans obligation d’achat, il comprend vite qu’il pourra multiplier son nombre de clients. Son calcul est juste et son commerce se développe rapidement. Pour satisfaire cette demande croissante, Simon Mannoury est contraint d’augmenter le nombre de produits en stock… ce qui contribue également à accroître le nombre d’invendus. Il prend la décision de les mettre en vente à prix réduit pour liquider son stock de la saison précédente et faire ainsi de la place pour ses nouvelles collections.
Cependant, nous sommes encore loin de périodes de soldes saisonnières que nous connaissons : un produit invendu peut-être soldé à tout moment de l’année, lorsque le moment semble judicieux au patron ou qu’il souhaite se débarrasser de ses articles défraîchis – ceux qui ont servi à faire l’étalage, par exemple -, de ses fonds de rayons ou de ses fins de séries.
L’institutionnalisation des soldes au Printemps
La popularité du Petit Saint-Thomas inspire les autres grands magasins parisiens, qui mettent en place le même système dans les années qui suivent. Mais en 1866, le fondateur du Printemps, Jules Jaluzot, décide d’aller plus loin. Le 15 janvier, il lance les premières soldes saisonnières, une grande opération commerciale sur laquelle il communique allègrement. Un magazine daté du 13 janvier 1866 en fait un témoignage précieux :
« [Les propriétaires du Printemps] vous disent bien simplement : Le 15 janvier prochain nous allons mettre en vente tous nos soldes de nouveauté de la saison d’hiver, toutes nos étoffes fatiguées ou défraîchies depuis l’ouverture de nos magasins, et nous ferons chaque année ainsi périodiquement. Avec cette manière d’opérer, nous ne gardons jamais de marchandise ancienne, et quand nous vendons une étoffe comme nouveauté on peut être assuré qu’elle est fraîche et nouvelle comme le nom de notre maison. »
Ce magazine n’est autre que La Vie parisienne, un hebdomadaire culturel créé en 1863, qui entend mettre en avant les plaisirs mondains de la capitale. Son sous-titre est d’ailleurs “Moeurs élégantes, choses du jour, fantaisies, voyages, théâtres, musique, modes”. La Bibliothèque nationale de France en a conservé l’extrait et je ne résiste pas à l’envie de vous le partager tant il semble être un voyage direct dans le temps :
La mise en place d’un cadre légal pour empêcher les abus
Les autorités prennent vite conscience des risques économiques que constituent ces grandes opérations de soldes. Une première loi est promulguée le 30 décembre 1906 pour réguler les pratiques commerciales. Elle leur donne une définition légale : « Les soldes favorisent un écoulement accéléré de marchandises en stock dont des exemplaires ont été proposés à la vente depuis au moins un mois et comportent une réduction de prix, qui peut aller jusqu’à une revente à perte, dans la limite du stock à écouler. Les soldes ne peuvent être réalisés qu’au cours de deux périodes par année civile. »
L’affichage de l’ancien prix de vente barré, à côté du prix soldé, devient obligatoire. Ce dernier est lui aussi encadré : il est calculé en fonction du prix en vigueur dans les trente jours précédents.
Par ailleurs, la loi spécifie également que les produits vendus doivent être identiques à ceux des périodes hors soldes – une manière d’éviter que les magasins ne produisent des produits de moindre qualité (donc à moindre coût) pour les mettre en vente à prix bas au moment des promotions… ce qui arrivera malgré tout car il reste facile pour les entreprises de contourner cette règle : il suffit de faire livrer les produits un mois avant le début des soldes pour rester dans le cadre légal.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, les soldes ne répondent plus vraiment à un besoin de déstockage : avec la multiplication des outils numériques capables de prévoir les comportements des consommateurs, les marques sont davantage capables de produire en bonne quantité et de limiter l’importance de leurs stocks dormants. Pourtant, les collections se renouvelant toujours plus rapidement, les opérations de promotion n’ont jamais été aussi nombreuses. Selon l’Institut Français de la Mode, 50% des vêtements vendus chaque année le sont en promotion (contre 20% en 2003).
Chez Artesane, le déstockage traditionnel n’a pas de sens : étant donné que notre produit est immatériel, l’esprit de nos soldes se trouve ailleurs. En effet, il n’est pas toujours évident de valoriser un produit immatériel auprès d’un public non-habitué : de nombreuses personnes hésitent à acheter un cours en ligne pour la première fois en raison de son prix, qui peut leur sembler trop cher.
Nous avons donc choisi de faire de nos soldes une incitation à sauter le pas et à vous permettre de profiter des réductions pour découvrir la réelle valeur d’un cours. Cependant, nous restons toujours mesurés dans nos promotions : elles ne sont jamais excessives car nous ne souhaitons pas brader les savoir-faire, le travail et l’expertise de nos professeurs.
Les soldes chez Artesane sont donc pensées comme une occasion de profiter de tarifs attractifs pour découvrir la qualité de nos enseignements et se lancer dans l’apprentissage d’un nouvel artisanat !
0 commentaires